-
Les kanjis : informations générales
Etymologie
Un 漢字, soit "kanji" en japonais ou "hànzì" en chinois, littéralement, c'est un "caractère chinois" (aussi appelé sinogramme).
- 漢 représente ce qui est chinois, c'est-à-dire l'ethnie Han, majoritaire en Chine, qui a pris son nom sous la dynastie Han (-202 - 220) également désignée par ce caractère, et tout ce qui relève des Han, donc des Chinois.
- 字 signifie "caractère d'écriture".
L'invention de l'écriture (archaïque) chinoise remonte à environ 4000 av. J.C. et sa forme moderne remonte au IIe millénaire av. J.C. C'est au IIIe siècle av. J.C., sur ordre de l'empereur Qin, que l'écriture chinoise a été normalisée, et sous la dynastie Han (qui lui succède) qu'elle a été diffusée, d'où le nom de hànzì ou "écriture des Han".
Histoire et utilisation
Les kanji sont la première forme d'écriture utilisée par les Japonais. En effet, le Japon archaïque ne connaissait pas l'écriture, et celle-ci a été "importée" au IVe siècle par des immigrants coréens qui fuyaient des conflits entre la Chine et la Corée. De ce fait, ces Coréens sont devenus des lettrés au Japon, seuls capables d'écrire. La langue chinoise et la langue japonaise étant très différentes, les kanji ne se sont pas montrés très pratiques pour écrire le japonais, c'est pourquoi les premiers textes écrits au Japon l'étaient en chinois.
Puis, les Japonais ont commencé à apprendre à écrire, et ont voulu transcrire leur propre langue. Deux solutions s'offraient à eux:
- utiliser les caractères en tant que phonogrammes, c'est-à-dire que chaque caractère représente un signe phonétique. On choisit les caractères en se basant sur leur prononciation chinoise. Par exemple, pour retranscrire le son "i", on peut utiliser 以, qui se prononce "yǐ" en chinois.
- utiliser les caractères en tant que logogrammes, c'est-à-dire que chaque caractère représente un mot ou un concept, si possible correspondant au même mot ou concept en chinois. Par exemple, en chinois, le mot "pays" (guó) s'écrit avec le caractère 国, on écrit donc le mot japonais "pays" (kuni) 国.
Pendant un temps, les deux systèmes ont été utilisés, parfois séparément, parfois conjointement, ce qui rend les textes japonais antiques très difficiles à déchiffrer. Certains passages du Kojiki 『古事記』, premier ouvrage écrit en langue japonaise (720) restent encore une énigme et au XIXe siècle, le chercheur Motoori Norinaga a consacré 30 années de sa vie à sa lecture et à son exégèse!
Au IXe siècle, par simplification des kanji, sont nés les deux syllabaires des hiragana et des katakana, toujours utilisés à l'heure actuelle. Le japonais s'écrit désormais en utilisant à la fois les kanji, les hiragana, les katakana (et le cas échéant, les chiffres arabes et les lettres de l'alphabet), ce qui en fait un système d'écriture unique au mondre.
ex: テーブルの上にCDが1枚あります。Il y a un CD sur la table. (kanji hiragana katakana)
=> têburu no ue ni CD (shîdî) ga 1 (ichi) mai arimasu
ATTENTION ! Un kanji n'est en aucun cas égal à un mot. Les kanji sont des signes utilisés pour former des mots. Il est fréquent qu'un mot soit composé d'un seul kanji, mais il ne fait pas associer uniquement le sens de ce mot à ce kanji.
Par exemple, le kanji 本 peut signifier "livre", "origine", être un suffixe qui sert à compter les objets longs et peut entrer dans la composition d'autres mots tels que 日本 "Japon".
Prononciation
L'écriture chinoise ayant été importée en même temps que des textes chinois, des mots chinois ont été introduits dans la langue japonaise. Leur transcription posait moins de problèmes que celle des mots indigènes, puisqu'on les notait de la même manière qu'en chinois, et leur prononciation était basée sur celle du mot chinois.
Par exemple, à l'heure actuelle, on peut écrire "sport" de la même manière en chinois et en japonais: 運動 (运动 en chinois simplifié), qui se lit "undô" en japonais et "yùndòng" en chinois.
Il s'agit là d'un mot composé de deux kanji, mais chaque kanji, utilisé séparément, peut servir à retranscrire un mot japonais. Dans l'exemple précédent, 運 peut être utilisé pour retranscrire le mot japonais "transporter" (hakobu: 運ぶ) et 動 pour "bouger" (ugoku: 動く). Dans ce cas, la prononciation du kanji n'a rien à voir avec le chinois.
Les kanji ont donc souvent plusieurs prononciations, appelées "lectures". Les prononciations basées sur la prononciation chinoise sont appelées "lecture on" et celles basées sur des mots japonais "lecture kun". Lorsqu'un kanji se lit en lecture kun, il arrive régulièrement que le kanji ne représente qu'une partie du mot (une partie invariable) et qu'une partie du mot soit écrite en hiragana (souvent une partie variable).
Par exemple, le kanji 生 possède beaucoup de lectures:
- "sei" (lecture on), par exemple dans 学生 gakusei: étudiant
- "shô" (lecture on): ex: 一生 isshô: toute la vie
- lecture kun: 生きる ikiru: vivre
- lecture kun: 生かす ikasu: laisser vivre / exploiter
- lecture kun: 生む umu: porter un enfant
- lecture kun: 生まれる umareru: naître
- lecture kun: 生 nama: cru
- d'autres lectures moins fréquentes.
Composition (exemples tirés du Kanji to Kana)
Les kanji étaient à l'origine des dessins qui ont ensuite été simplifiés pour donner des caractères d'écriture normalisés. On peut différencier à l'origine les pictogrammes (représentant un objet) ou des idéogrammes (représentant un concept). Par exemple, 山 est un pictogramme représentant une montagne, alors que 中 est un idéogramme représentant le centre.
Mais la plupart des kanji sont en fait composés de plusieurs éléments (qui, utilisés seuls, sont souvent un kanji d'ailleurs). Par exemple, le pictogramme 木 (arbre) sert à composer les kanji 林 (bosquet) et 森 (forêt). On parle ici de logogrammes, car l'association des éléments composant le kanji nous informent sur son sens.
Plus de 90% des kanji sont appelés phonologogrammes, car ils indiquent à la fois le sens et la lecture (on) du kanji. Par exemple, le kanji 花 ("hana" en lecture kun) signifie "fleur" et se lit "ka" en lecture on. L'élément du dessus, 艹, représente de l'herbe (indication sémantique) et l'élément du dessous, 化, dont le kanji peut se lire "ka", indique la prononciation (ici, la prononciation est exactement la même mais elle est parfois approximative ; voir d'autres exemples ici).
On peut classer la plupart des phonologogrammes en 6 catégories, en fonction de la position de l'élément sémantique et de l'élément phonétique (S = sémentique ; P = phonétique) :
S à gauche, P à droite: 銅 dô "cuivre" => 金 métal + 同 "dô"
P à gauche, S à droite: 歌 uta (kun), ka (on) chant => 欠 baillement + 可 "ka"
S en haut, P en bas: 花 hana (kun), ka (on) => 艹 herbe + 化 "ka"
P en haut, S en bas: 盛 saka(n) (kun), sei (on) remplir => 皿 assiette, plat + 成 "sei"
S extérieur, P intérieur: 園 sono (kun), en (on) jardin => 囗 enclos + 袁 "en"
P extérieur, S intérieur: 問 to(u) (kun), mon (on) demander => 口 bouche + 門 "mon"
(d'autres théories, comme celle du Mémento et dictionnaire des kanji, voient dans l'élément phonétique également une indication sémantique qui est affinée par le sens de la clé (partie du caractère qui sert à le référencer dans les dictionnaires) ou élément sémantique, mais cela ne change pas la structure élément sémantique + élément phonétique (porteur ou non de sens également).)
Ordre des traits
Lorsqu'on écrit un kanji, il existe un certain nombre de règles à respecter concernant l'ordre et la manière dont on trace les traits. Un "ordre des traits" est défini pour chaque kanji (attention, l'ordre peut être différent en chinois). Ces règles garantissent d'une part des kanji uniformes et lisibles, et permettent d'autre part de les tracer facilement et rapidement.
On procède de haut en bas, de gauche à droite. On trace généralement les traits horizontaux avant les traits verticaux. Sauf pour certains éléments englobants, on trace chaque élément composant le kanji en entier avant de passer à un autre.
(voir toutes les règles ici)
Voici quelques exemples d'ordres de traits: (les images sont tirées de http://kanji.free.fr et de wikipedia)
Evolution des formes
Il existe parfois plusieurs graphies pour un même kanji, une (ou des) forme traditionnelle et éventuellement une forme simplifiée. La forme traditionnelle correspond généralement à la forme fixée en Chine au IIe siècle sous la dynastie Han. Certains kanji ont subi des simplifications au XXe siècle. (En Chine, c'est sous Mao qu'a eu lieu une simplification massive des caractères. Cela explique le fait que la Chine continentale et Taïwan n'utilisent plus les mêmes caractères: la Chine utilise les caractères simplifiés sous Mao alors que Taïwan utilise les caractères traditionnels).
Par exemple, le kanji "étudier" est 学 (forme simplifiée utilisée au Japon et en Chine), mais sa forme traditionnelle est 學 (utilisée à Taïwan). Le mot "sport" est 運動 au Japon et à Taïwan (forme traditionnelle) alors qu'en Chine, il s'écrit 运动 (forme simplifiée par Mao).
Nombre de kanji
Les dictionnaires japonais les plus complets comptent environ 10.000 kanji, mais ils ne sont pas tous utilisés quotidiennement, heureusement! Au XXe siècle, le gouvernement japonais a tenté de limiter le nombre de kanji utilisés en éditant des listes de kanji dont l'utilisation est recommandée dans les textes officiels, dans la presse, dans les manuels... Cela ne signifie pas qu'il est interdit d'utiliser d'autres kanji, mais il est alors souhaitable d'annoter les kanji rares à l'aide de furigana (petits hiragana au-dessus ou à côté du caractère) afin d'en aider la lecture. Depuis 1981, la iste des "kanji usuels" était de 1945 kanji, mais elle est passée à 2143 en 2010. (Une autre liste prévoit quelques kanji supplémentaires pour les noms propres).
Par exemple, le kanji 誰 "qui?" ne faisait pas partie des 1945 mais fait partie des 2143. Il s'agit certes d'un mot très courant, mais comme il n'est utilisé dans la composition d'aucun autre mot, il avait sans doute été jugé peu utile. On écrit donc souvent le mot "qui?" en hiragana: だれ.
Autre exemple: les mots kitsune et tanuki, deux animaux mythologiques, sont connus de tous les Japonais, mais leurs kanji respectifs, 狐 et 狸 ne font pas partie de la liste des kanji usuel.
Attention, si vous voulez accéder à nouveau à cet article ultérieurement, vérifiez que l'URL ne se termine pas par "recent/[nombre]". Si oui, cliquez sur le titre de l'article. Un nouvel URL apparait. C'est l'URL fixe de l'article.
-
Commentaires