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La langue japonaise
Vous trouverez ici des articles variés concernant la langue japonaise (sauf les questions relatives à l'écriture qui sont traitées ici). Pour plus de simplicité, voici un index de la rubrique :
Index des articles :
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Par Marie A. le 29 Avril 2014 à 20:53
La première chose que l'on apprend lorsque l'on commence à apprendre l'écriture japonaise, ce sont les hiraganas, puis les katakanas. Bref, les kanas.
Les deux syllabaires "kana" ont été créés simultanément au IXe s par simplification des 万葉仮名 Man.yô-gana, des kanjis utilisés comme phonogrammes uniquement, pour écrire des mots japonais (leur nom vient d'une anthologie de poèmes du VIIIe s, le 『万葉集』 Man.yôshû "Recueil des milles feuilles", dans lequel ils sont massivement utilisés (mais pas seulement)). Les "hiragana" découlent d'une simplification par écriture cursive (écriture manuscrite rapide qui tend à lier et arrondir les traits), alors que les "katakana" découlent d'une simplification par troncage (ne garder qu'un élément du kanji).
La raison pour laquelle deux syllabaires ont été créés à la même époque et ont subsisté ensemble jusqu'à nos jours vient du fait qu'ils n'avaient pas la même fonction, ni les mêmes utilisateurs. Les hiraganas étaient utilisés par les femmes, qui n'étaient pas éduquées (ou peu) à l'exercice ardu de l'écriture chinoise. On les appelait d'ailleurs les 女手 onna-de "écriture de femme". Ce nouveau moyen d'écriture a mené à au large développement de la littérature féminine japonaise au Xe s, appelée "littérature en kana" (dont les plus célèbres oeuvres sont le DIt du Genji ou Genji monogatari 『源氏物語』, écrit par Murasaki Shikibu 紫式部, Notes de chevet ou Makura no sôshi 『枕草子』, écrit par sa rivale Sêshônagon 清少納言, ou encore le Journal de Tosa ou Tosa nikki 『土佐日記』, écrit exprès par un homme, Ki no Tsurayuki 紀貫之 en kana dans le langage des femmes). Les katakanas, à l'inverse, étaient utilisés par les hommes pour annoter les textes écrits en chinois (textes bouddhistes, lois...).
Les kanas sont désormais au nombre de 46 pour chaque syllabaire (plusieurs ont disparu suite à des modifications dans la phonétique japonaise, la dernière réduction datant d'après la Seconde Guerre Mondiale) et peuvent être ordonnés dans le 五十音図 Go jû on zu "Tableau des 50 sons". Chaque kana transcrit une syllabe composée soit d'une voyelle, soit d'une consonne et d'une voyelle (à l'exception de la nasale "n" qui est une consonne isolée, mais qui n'existait pas dans le japonais ancien et a été introduite par la suite dans la langue japonaise afin de transcrire la nasale "ng" à la fin de certains mots chinois). Le tableau croise donc de manière systématique une consonne avec une voyelle.
Ces syllabaires (altérés de quelques signes diacritiques) permettent d'écrire tous les sons de la langue japonaise et sont souvent utilisés en combinaison avec des kanjis pour écrire le japonais contemporain.
L'ordre du tableau des 50 sons est le plus utilisé pour classer ou ordonner des mots, dans le dictionnaire, par exemple : a - i - u - e - u / ka - ki - ku - ke - ko / sa - shi - su - se - so... (le tableau se lit de haut en bas et de droite à gauche). L'ordre alphabétique peut aussi parfois être utilisé.
Il existe également un autre système de classement, inventé à la même époque que le tableau des 50 sons, c'est-à-dire, à l'époque Heian (IXe - XIIe s). Il s'agit d'un poème en hiragana n'utilisant qu'une fois chaque kana (il est composé de 47 kanas, à savoir, ceux du Go jû on zu, moins le "n", plus ゐ wi et ゑ we qui n'existent plus).
い ろ は に ほ へ と
ち り ぬ る を
わ か よ た れ そ
つ ね な ら む
う ゐ の お く や ま
け ふ こ え て
あ さ き ゆ め み し
ゑ ひ も せ すJe consacrerai ultérieurement un article à ce poème.
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Et pour terminer, voici mon petit moyen mnémotechnique pour me souvenir de l'ordre du Go jû on zu. Il s'agit d'une petite phrase (qui n'est pas nécessairement très correcte, d'ailleurs...) qui m'a été inspirée par mon travail de guide au Mont Saint-Michel : certains guides de la baie emmènent leur chien avec eux en excursion, d'où le "poème" mnémotechnique suivant reprenant un kana de chaque colonne :
おかざとのはまより、わん!
Depuis la plage du village-colline, [on entend] ouaf !
[ 丘里の浜より、わん!]
("wan" 湾 désigne aussi la "baie" en japonais, ce qui crée aussi un jeu de mot (qui n'est pas de moi mais avait été fait par un client japonais qui avait vu un chien dans la baie))
Et vous, avez-vous un moyen mnémotechnique pour trouver un mot japonais dans le dictionnaire ?
Pour aller plus loin :
La flexibilité du système d'écriture japonais
Le système d'écriture japonais [dossier]
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7 commentaires -
Par Marie A. le 1 Septembre 2014 à 18:50
Guru-guru, chara-chara, jari-jari...
Non, je ne suis pas en train de faire des gargarismes, j'étudie les onomatopées japonaises !
En effet, le japonais est une langue qui utilise beaucoup les onomatopées. Comme dans la BD occidentale, on en retrouve énormément dans les mangas. Dans les traductions en français ou en anglais, il n'est d'ailleurs pas toujours facile de traiter cette partie du texte. Voici quelques exemples non exhaustifs trouvés sur le net pour illustrer cela, d'autant plus que, comme on le verra plus loin, les onomatopées japonaises ne se cantonnent pas à la simple imitation de sons :
Sur cette page de Negima, les onomatopées n'ont pas été traduites (ou transcrites). Dans la vignette tout en haut est écrit カア kaa, ce qui indique que le personnage rougit. Dessous, on peut lire コク koku, dont je n'ai malheureusement pas trouvé le sens (c'est peut-être 酷, qui aurait le sens de "c'est pas très sympa / c'est un peu fort"). Enfin, en bas, les filles s'exclament ワア waa.
L'éditeur d'Inuyasha a opté pour la transcription conjointe, plutôt que pour la traduction.
[lecture de droite à gauche]
そー so... (= son ?) => suip
ぎく giku (= surprise soudaine) => hips
ざざあ zazaa (= son ?) => zrraaaa
くいくい kui kui (= son) => kuip kuip
ヒュン hyun (= son des flèches) => hyuun
カカカ kakaka (son des flèches) => skaaam
ザッ za (= son brusque) => swaw
On voit ici que pour "transcrire" ces onomatopées, on privilégie le sens sur le son japonais : on essaie de trouver une onomatopée française qui correspond.
Cette page de Naruto illustre le fait que les onomatopées (comme dans la BD) font partie à la fois du texte et de l'image. Elles sont parfois très envahissantes.
Mais la raison pour laquelle je m'intéresse aux onomatopées, ce n'est pas parce qu'on en trouve dans les mangas, mais parce qu'on en utilise aussi à gogo dans le langage courant. En effet, comme on l'a vu dans les exemples précédents, certaines onomatopées ne transcrivent pas un son mais un mouvement, un état d'esprit (en se basant sur un son tiré de la situation en question)... Elles peuvent donc être utilisées comme des adverbes. (Les onomatopées qui décrivent réellement des sons sont d'ailleurs aussi beaucoup utilisées à l'intérieur d'une phrase pour renforcer l'effet de la scène).
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Utilisation :
Ces onomatopées peuvent être utilisées de deux manières :
- seules, avec le verbe する suru "faire" : par exemple, どきどき doki doki "bruit de coeur" : どきどきします doki doki shimasu : avoir le coeur qui bat (amour, stress...)
- en adverbe d'un verbe qui signifie généralement la même chose : par exemple, ぐるぐる guru guru "tourner" s'utilise souvent avec le verbe 回る mawaru "tourner" : ぐるぐる回ります.
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Visite du Mont-Saint-Michel en onomatopées :
Moi-même, pendant mes visites du Mont-Saint-Michel (petit rappel, je suis guide touristique), j'en suis venue à utiliser de plus en plus d'onomatopées, à force d'en entendre dans la bouche des tours-leaders japonais(e)s.
これからぐるぐる回ります。Kore kara guru guru mawarimasu : à partir de maintenant, nous allons tourner [autour du rocher].
土台がないと、ぐらぐらしてしまいます。Dodai ga nai to, gura gura shite shimaimasu : S'il n'y a pas de fondation, ça peut vaciller (= à propos de l'église abbatiale qui est construite sur un niveau de cryptes).
大天使ミカエルがいらいらしました。 Daitenshi Mikaeru ga ira ira shimashita : L'archange Michel s'est énervé (= parce que l'évèque Aubert ne fait pas ce qu'il lui demande).
13世紀の柱はぼろぼろしていますね。 13 sêki no hashira ha boro boro shite imasu ne : Les colonnes du 13e s sont abîmées, n'est-ce pas ?
Et pour finir, un que vous connaissez sans le savoir :
ピカピカ光っている柱は19世紀に修復されました。 Pika pika hikatte iru hashira ha 19 sêki ni shûfuku saremashita : Les colonnes qui brillent ont été restaurées au 19e s.
Eh oui, pika pika n'est pas seulement le cri du pokémon le plus célèbre ! C'est même de l'onomatopée que vient son nom (pika peut aussi signaler la foudre).
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De la diversité des onomatopées japonaises :
C'est quand j'étais au lycée que j'ai découvert la diversité des onomatopées japonaises. Avec une dizaine de copines, on avait fondé une sorte de club de "mangaka", l'objectif étant de créer un manga toutes ensemble. Ne sachant pas dessiner et possédant le manuel Le Japonais en Manga dans lequel se trouve un glossaire d'onomatopées, je me suis retrouvée, entre autres, avec la tâche de trouver des onomatopées sympas correspondant aux vignettes dessinées par mes partenaires. Sur la première page, un livre tombait du bureau de Dieu sur le nuage où il se trouvait. C'est ainsi que j'ai découvert qu'un objet qui tombe peut faire tout un tas de bruits différents en fonction des conditions...
ばちゃん bachan : chute de quelque chose de gros dans l'eau ("splash")
どさ dosa : chose pesante tombant au sol, envoi d'une chose volumineuse (à ne pas confondre avec dosha : casser quelque chose en tombant dessus...)
どて dote : se laisser tomber doucement sur le sol
がつん gatsun : un objet dur tape contre un autre
ごつん gotsun : son sourd de quelque chose qui tombe
ぺちゃんこ pechanko : écraser quelque chose
ぺしゃり peshari : écraser quelque chose
ぽい poi : jeter quelque chose (négligemment)
De même, il existe plusieurs façons pour un objet de briller :
きらきら kira kira : briller intensément
ぴかぴか pika pika : resplendissant, brillant
てかてか teka teka : brillant
つやつや tsuya tsuya : briller d'un éclat mat
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Et pour finir, un petit palmarès d'onomatopées sympas, voire bizarres...
- ぺらぺら pera pera : parler couramment une langue étrangère : ça fait toujours plaisir quand un touriste vous dit ぺらぺらですね!pera pera desu ne ! "Vous parlez très bien [japonais] !"
- いちゃいちゃ icha icha : s'embrasser en public => deux questions : 1) pourquoi il y a une onomatopée spécifique aux bisous en public ? (enfin je sais que ça ne se fait pas trop au Japon, mais de là à en faire une onomatopée...)... 2) comment est-ce qu'on a décidé de prendre ce son pour représenter ce concept ??
- しーん shiin : [silence absolu] : oui oui, il y a une onomatopée qui signifie qu'il n'y a, justement, aucun bruit... preuve ultime que le concept n'est pas tout à fait le même qu'en Occident.
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N'hésitez pas à partager vos onomatopées préférées !
皆さん、日本語ペラペラになりましょう!
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Par Marie A. le 30 Novembre 2014 à 17:49
Je reviens vers vous après... *hum hum* plus d'un mois d'absence injustifiée... Flemme quoi... Le blog a même commencé à être envahi par de la pub !!! Et pourtant, je voyais régulièrement des visites s'afficher au compteur... Alors un grand merci pour votre assiduité et donc aussi un grand "désoléeeeee" !!! Gomen gomen gomen ごめん、ごめん、ごめん!
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Je profite d'un regain d'inspiration pour inaugurer une nouvelle catégorie d'articles : les proverbes, ou kotowaza 諺.
Comme hier, je suis rentrée du travail de nuit, je trouve ce proverbe très à propos :
秋の日はつるべ落とし
Aki no hi wa tsurube otoshi
Ce proverbe dit littéralement que "le jour d'automne est comme le seau du puits qui tombe", autrement dit, que la nuit tombe très vite / tôt en automne. Proverbe à caser, donc, vers 17h, quand on n'y voit plus rien !
Et pour introduire un proverbe, vous pouvez ajouter 諺にもあるように... kotowaza ni mo aru you ni "comme dit le proverbe..."
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Et si tout se passe bien, à partir de demain, le blog fleurira à raison d'une publication par jour avec mon calendrier de l'Avent des estampes japonaises. Donc, rendez-vous demain !
Source :
ドラえもんの国語おもしろ政略、ことわざ辞典, 1991, 栗岩英雄、ドラえもんの学習シリーズ、小学館
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Par Marie A. le 11 Mars 2017 à 13:45
Nouveau proverbe, (kotowaza 諺) aujourd'hui, et que vous devriez arriver à utiliser assez facilement, puisqu'il possède un équivalent en français :
鬼の居ぬ間に洗濯
oni no inu ma ni sentaku
Ce proverbe dit littéralement que "tant que le démon n'est pas là, lessive"... Mais ce n'est bien sûr pas à prendre au sens littéral !
D'une part, 鬼 n'a pas ici un sens très fort, mais plutôt figuré. Ce n'est pas un vrai monstre ou démon, c'est plutôt une personne effrayante (ou, dans le contexte, autoritaire).
洗濯 est un mot que l'on connait souvent dès la première année d'études de japonais, parce qu'il signifie "lessive". Mais dans ce contexte, il faut aussi y voir un sens plus figuré. Il s'agit, non pas de laver ses vêtements, mais de laver son esprit ou son coeur, en quelque sorte. Mais il ne s'agit pas de méditation ou d'ascèse, non non non !! Il s'agit de s'amuser, de se sentir bien :-)
Enfin, 居ぬ est une forme archaïque de 居ない. Il s'agit du verbe 居る iru que l'on n'écrit généralement plus en kanji de nos jours.
Tout ça pour dire qu'il faut en fait comprendre "tant que personne n'est là pour nous gronder, amusons-nous". Cela ne vous rappelle rien ? Il s'agit clairement de la version japonaise de "quand le chat n'est pas là, les souris dansent".
Comme tous les proverbes, vous pouvez l'introduire par 諺にもあるように... kotowaza ni mo aru you ni "comme dit le proverbe...", mais d'après les exemples que j'ai vus, on peut tout à fait l'utiliser seul en en faisant une phrase : 鬼の居ぬ間に洗濯だ(よ)。
Il existe plusieurs variantes de ce proverbe :
鬼の来ぬ間に洗濯
oni no konu ma ni sentaku
鬼の留守に洗濯
oni no rusu ni sentaku
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Du coup, vous faites quoi quand le démon n'est pas là ?
Source :
ドラえもんの国語おもしろ政略、ことわざ辞典, 1991, 栗岩英雄、ドラえもんの学習シリーズ、小学館
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